Le RATHO, station expérimentale horticole de Rhône-Alpes

Ce n’est pas tout à fait un jardin comme les autres que nous visitons aujourd’hui mais des jardins du 21eme siécle, des centaines de jardins, conçus et présentés par une structure de jardiniers agronomes « la fine fleur des vulgarisateurs du savoir horticole », le RATHO, station expérimentale horticole de Rhône-Alpes.

La station est gérée par une association loi 1901 sous la direction de Serge Lepage qui se sent l’âme d’un jardinier avant d’être un scientifique. Le Pôle est subventionné par les producteurs adhérents (dont les producteurs Vivaplante), les collectivités publiques comme la Région Rhône-Alpes et les partenaires privés

Le RATHO en quelques chiffres :
2 000 m² de serres verre, 4 compartiments
500 m² de serres plastique découvrantes
5 000 m² de plateforme hors-sol
2 ha de terrain en pleine terre

Auxquels il faut ajouter des moyens ultra-modernes comme la centrale de pilotage du climat et de la fertilisation avec guidage par satellite, le chauffage assuré par des pompes à chaleur, la robotisation des serres pour le placement des plaques de cultures…

Trois époques pour présager trois évolutions de l’horticulture

Avec près de 30 ans d’historique, les objectifs du RATHO ont sensiblement été modifiés même si sa mission reste la même : aider les producteurs adhérents à s’adapter aux marchés futurs.

1986 à 2000 Un centre d’ingénierie d’excellence

La station est née avec de grandes évolutions techniques : le hors sol, l’ingénierie serre, la biotechnologie, l’in vitro. Les attentes étaient fortes en termes d’aide technique sur ces nouvelles méthodes. Il fallait armer les producteurs avec des moyens techniques compétitifs. « Même aujourd’hui dans les centres de formation horticole on a du mal à passer de l’artisanat à l’industriel » indique M. Lepage.

Avec des moyens mis en œuvre exceptionnels, surtout placés dans le contexte de 1986, l’objectif du RATHO lors de sa création est de présenter la « haute couture » de la production horticole afin que les producteurs s’approprient les modèles culturaux pour en faire du « prêt à porter ».
En exposant les techniques les plus modernes et les dernières obtentions végétales, le RATHO fournit aux adhérents des itinéraires techniques complets, des kits de production, adaptés à leurs moyens techniques et aux plantes produites.

Les actions du RATHO dans sa mission d’ingénierie :
- Essais variétaux (screening) de grande envergure, plus de 1000 nouvelles variétés, deux fois par an.
- Rédaction de fiches techniques complètes, 160 variétés/espèces détaillées à ce jour soit 90 % des variétés commercialisées.
- Essais techniques et matériels. Le RATHO teste par exemple les écrans thermiques qui permettent des économies d’énergie importantes ou les nouvelles solutions d’engrais.


Ci-dessus : Essais de nouvelles variétés de pensées, essais de terreaux en cours et essai d’un écran thermique.

Des essais variétaux et techniques, il ressort parfois des espèces capables de créer de nouveaux marchés. Ainsi le RATHO a su ouvrir la voie pour les cultures françaises du dipladenia, du begonia type Dragon Wing, de l’euphorbe ‘Diamond Frost’, du lantana…

Après l’an 2000 la mission d’ingénierie du Ratho ne s’est pas arrêtée mais l’orientation de ses recherches s’est vu modifiée. La station avait proposé des solutions pour la majorité des cultures et l’attente des consommateurs se déplaçait sur d’autres questions. Là aussi il fallait armer les producteurs régionaux et leur donner les réponses aux nouvelles exigences du marché horticole.

2000 à 2010 La promotion de l’horticulture durable

Les questions environnementales devenant importantes dans l’achat de végétaux, la station a rapidement orienté les producteurs adhérents vers la culture la plus durable possible.

Pour des questions d’optimisation de la culture et donc d’optimisation des coûts, les intrants ont toujours été limités dans la station : pas ou peu d’énergie fossile selon les cultures, pas de traitement phytosanitaire avec des molécules de synthése, culture en Protection Biologique Intégrée, respect de la saisonnalité des plantes pour un chauffage minimum. Tout en démontrant l’intérêt de cette culture durable, il fallait donc trouver des solutions encore plus innovantes pour que les producteurs de la région réduisent au minimum leur empreinte environnementale.

Une des pistes abordée par la station est le pot biodégradable. Nous connaissons tous le pot ou godet plastique. Il existe également des pots en tourbe compactée. La station développe actuellement deux générations de pots biodégradables.

Les premiers, dits pots de 3ème génération, (en photo ci-dessus) sont constitués de 100% d’amidon de pomme de terre issu des déchets de l’industrie alimentaire. Les seconds, dits de 4ème génération, sont constitués d’amidon de pomme de terre et de 30 % de matière organique. Vous pouvez planter votre végétal directement avec ces derniers pots, 100 % compostables, ils disparaîtront complètement en nourissant la plante.

2010 à … La conquête de nouveaux espaces

Au-delà des exigences environnementales, les producteurs doivent s’adapter aux nouvelles formes de consommation du végétal. Avec 80% de la population en milieu urbain et des racines rurales de moins en moins présentes les jardiniers d’aujourd’hui n’ont plus la même vision du végétal que leurs parents.

Au-delà de sa mission envers les professionnels, le RATHO accompagne les jardiniers amateurs de plusieurs manières :
- Création de fiches synthétiques reprenant les connaissances essentielles à la culture d’une espéce
- Organisation de concours annuels dans lesquels les nouvelles variétés sont notées par un jury de jardiniers amateurs.
- Organisation annuelle en partenariat avec l’enseignement horticole du concours de reconnaissance des végétaux

Le jardin se doit d’être ludique, pratique et sans contrainte. Il est devenu rare de se ménager du temps pour le végétal plus d’une fois par semaine et sa culture doit être la plus facile possible. La taille des jardins a diminué, la place est rare et surtout le temps manque pour s’occuper de vastes espaces.

Le RATHO propose deux solutions pour répondre aux exigences modernes. Proposées en kits, ces systèmes peuvent aisément se recréer avec des matériaux de base. Ils sont particulièrement adaptés à la mise en place d’un coin de verdure dans une cour ou sur un toit.

- Le carré jardin bio

Quatre planches délimitent un espace d’un peu plus d’1 m² sur un peu plus de 50 cm de hauteur sans aucune barrière avec le sol naturel. On y place 500 L de terreau et un système de goutte-à-goutte. Le volume conséquent de terreau permet un simple arrosage hebdomadaire de 50 L car il retient plus longtemps l’humidité. Un apport d’engrais organique pour assurer le bon démarrage dés la plantation a lieu tous les ans. Idéal pour la culture annuelle ou potagère sur de petits espaces

- Le Mini-jardin ©

Là aussi on retrouve le concept d’un espace réduit, 1 m x 1,2 m x 35 cm, délimité par quatre planches. Le mini-jardin est testé au RATHO pour les cultures de vivaces fleuries, de petits arbustes et de plantes aquatiques mais le substrat peut évoluer en fonction des espèces végétales choisies.

Une bâche plastique placée au fond isole ce jardin du sol. Une buse d’évacuation est placée pour éliminer les éventuels trop-pleins d’eau. Un caillebotis alvéolé de 5 cm de haut sur lequel est placé un feutre agrotextile permet de créer une réserve d’eau de 50 L.

Un regard est aménagé avec un simple tuyau afin de connaître à tout moment le niveau de la réserve d’eau. Au-dessus du feutre un mélange de pouzzolane et terreau sert de substrat. Pour la mise en place d’arbustes il vaut mieux doubler la hauteur du mini-jardin afin que le substrat soit suffisamment profond.


2012… Le végétal à la conquête de tous les espaces

Après les cours et les toits, le RATHO teste les contraintes liées aux murs végétaux et à la récupération de l’eau de pluie et des toitures. (Ci-contre : kit mural pour végétalisation verticale)
C’est donc les espaces verticaux, privés comme publics qui sont la nouvelle cible de la station expérimentale. Gageons qu’il ne lui faudra pas longtemps pour trouver les solutions optimales qui permettront aux producteurs français de prendre l’assaut de cette 3ème dimension.

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